Coop’Ter (happy) #5
Sept 2023
Sept 2023
Lors de la dernière chronique, nous avions choisi d’aborder la coopération à travers le chantier de développement que nous travaillons « Produire des diagnostics et avis pertinents et qualitatifs en amont des travaux».
Pour cette chronique de rentrée, alors que voilà près d’un an que nous cheminons aux côtés d’Archi Possible dans le cadre du programme expérimental de l’Ademe (chronique #1 – novembre 2022), c’est le moment de faire une première auto-évaluation (partagée avec Franck Mathieu, chargé de développement) de notre accompagnement et de ses effets utiles (ou pas) pour Franck et Archi Possible et pour soutenir l’émergence d’une dynamique initiée et portée par Archi Possible sur son territoire
Pour rappel, l’accompagnement proposé par Coop’Ter s’inscrit dans le cadre du projet coopératif d’Archi Possible. Il vise à soutenir le développement d’un écosystème coopératif territorialisé (ECT) capable de prendre en charge en même temps plusieurs enjeux de la transition solidaire et écologique (énergie, eau, santé, liens de solidarité) avec pour supports d’actions les maisons et les jardins du territoire Sud-Francilien. Le développement passe dans un premier temps par une phase d’émergence de cet écosystème.
Après 10 mois d’accompagnement et au-delà des trois chantiers engagés qui posent les briques du développement d’Archi Possible (plus de détail sur la chronique #2 de janvier 2023), nous observons 3 résultats encourageants pour le projet :
- A l’externe, l’accompagnement a permis de réactiver des liens avec les structures publiques ou para publiques qui étaient plus ou moins en sommeil, de créer des rencontres et favoriser l’interconnaissance entre des acteurs qui à notre grande surprise – et ce malgré la participation régulière aux comités de suivi d’Archi Possible - ne s’étaient pas vraiment rencontrés dans le travail. Aussi, dans le cadre du chantier intitulé « produire des diagnostics et avis pertinents et qualitatifs en amont des travaux. », il a été proposé d’expérimenter la coopération par « un petit pas » entre des acteurs de nature différentes (syndicat de l’eau, PNR, ALEC, SCIC et entreprises privées) et issus de domaines complémentaires (habitat, énergie, eau, biodiversité…). Cette proposition a été positivement accueillie aussi bien par les chargé.es de mission que par les directions des structures concernées qui s’engagent à « jouer le jeu » et c’est déjà une avancée positive : coopérer suppose la confiance dans le collectif et la confiance ne se décrète pas, elle se révèle dans l’expérience, se développe… et s’entretient. Le test grandeur nature aura lieu ce samedi 23 septembre à l’occasion du super stage organisé par Archi Possible. L’évaluation (à chaud puis à froid) de cette expérience fera l’objet du plus grand soin de notre part pour valider (ou pas) les effets utiles que nous avions d’ores et déjà recueillis lors du dernier atelier (plus détail sur la chronique # 3 de mai 2023)
- en interne d’Archi Possible au sein du réseau, l’accompagnement a également permis d’expérimenter le Chantier intitulé « développer et tester une méthode d’organisation pratique et collective des travaux d’auto-rénovateurs et auto-constructeurs » : une expérimentation en binôme a commencé au mois de juin 2023. Là aussi, les deux testeurs se sont prêtés au jeu d’observer et de noter les effets utiles pour eux. Quelques morceaux choisis : « ça booste et cela m’oblige à avancer dans mes travaux », « cela crée une relation de confiance qui se renforce au fur et à mesure des avancées des travaux » ; « cela oblige à réfléchir et préparer en amont les étapes du chantier » ; « ce n’est pas du bénévolat, on n’est dans de l’échange, de la réciprocité »…
- à une échelle qui dépasse celle d’Archi Possible et qui peut intéresser plus largement les acteurs de l’accompagnement à la rénovation au sens large, le lancement du Chantier intitulé « Inventer et tester des solutions de financement pour les auto-rénovateurs et autoconstructeurs » a permis de produire une première étude de l’état de l’art en la matière et d’identifier quelques pistes. Elles seront approfondies dans le cadre d’un accompagnement spécifique avec l’appui d’une expertise ad-hoc.
Cette première phase de travail nous permet désormais de prendre appui sur une nouvelle dynamique d’acteurs qui par ailleurs s’inscrit dans une actualité qui lui est favorable, l’auto-rénovation étant à l’agenda de plusieurs acteurs publics.
Cependant, ces avancées restent fragiles et il n’est pas toujours facile d’envisager le développement de la coopération entre des acteurs très diversifiés dont les contraintes économiques et organisationnelles ne sont pas les mêmes, au premier rang desquels Archi Possible.
Archi Possible, comme beaucoup d’acteurs de l’économie sociale et solidaire, se heurte au problème récurrent de devoir produire des indicateurs chiffrés de résultat et une évaluation qui reste limitée à une approche quantitative. S’ils en constituent une première étape indispensable de l’évaluation qui permet de justifier l’action auprès de ses partenaires, les bilans produits ne révèlent pas les différentes dimensions de valeur produite par l’action d’Archi Possible (et par conséquent ne permettent pas de les valoriser d’un point de vue monétaire ou non monétaire).
En effet, à travers le travail que nous avons engagé sous le prisme de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, nous avons identifié trois dimensions de valeur qui ne se réduisent pas à une approche strictement mesurable :
- une dimension d’utilité sociale et sociétale à travers, entre autres, l’entraide et l’engagement mis en œuvre entre les acteurs du réseau du faire soi-même, l’acquisition de compétences réciproques entre autoconstructeurs.ices et professionnels engagés, l’appropriation de son habitat et de son territoire et d’un mode de vie plus soutenable, le vivre ensemble…,
- une dimension écologique à travers la prise en charge des enjeux de la préservation et du développement de la biodiversité, de l’eau, du réemploi, de la réduction du recours aux ressources matérielles, énergie, de l’importance des matériaux biosourcés…,
- et une dimension d’économie locale des activités grâce notamment à une autre forme de relation qui se noue entre auto constructeurs et artisans engagés, à la valorisation des métiers de l’artisanat, du bâtiment, au développement de formations ...
Cependant, les identifier est loin d’être suffisant - et il ne s’agit à ce stade que de notre analyse. Dans l’évaluation, une seconde étape est nécessaire pour appréhender et qualifier la valeur créée dans ces trois champs. Cela passe par la capacité à révéler et rendre visible les effets utiles/bénéfices et les externalités/bénéfices non intentionnels auprès de l’ensemble des parties prenantes (bénéficiaires directs comme indirects) de l’action menée par Archi Possible, voire identifier de nouveaux acteurs qui pourraient être intéressés par son action. A ce stade, nous pensons aux acteurs de la santé, santé mentale notamment car nous faisons l’hypothèse qu’autoconstruire ou rénover son logement permet de se construire tout court et de lutter contre toute forme d’anxiété.
Vous l’aurez compris, pour les 6 mois à venir, nos efforts vont se porter sur ce nouveau chantier : il s’agira de poser un cadre méthodologique et opérationnel autour de la mise en place d’un système permanent d’évaluation participative au sein d’Archi Possible. La visée de l’évaluation, ne l’oublions-pas, et c’est la troisième étape de l’évaluation, étant de pouvoir délibérer et s’accorder sur la valeur visée pour ajuster les niveaux de contribution monétaire ou non monétaire des contributeurs au regard de la valeur créée et appréciée. C’est tout l’enjeu du nouveau modèle économique à construire et partager dans la perspective d’un ECT.
Vous êtes architecte, artisan, autoconstructeur ? L’autoconstruction accompagnée vous passionne ? Coopérons !
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Archi Possible
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