Inde : exemple d’un chantier type
Jaipur, 14 février 2018
Jaipur, 14 février 2018
En Inde, au Népal qu’en est-il de l’autoconstruction ? Qui sont les autoconstructeurs ? Qu’est ce qui les motives ? Qu’est-ce qu’ils nous apprennent ?
Un voyage de 3 semaines a été pour nous l’occasion d’aller la rencontre de certains d’entre eux, mais également d’organisation de soutien à l’autoconstruction. Ces rencontres et visites ont eu lieu au mois de février 2018 : à New-Delhi, Jaipur, Jodphur, Chandigarh, Goa, Katmandou, Namdu et Mainapokhari.
Jaipur
Jaipur est une grande ville du Rajasthan en plein développement. De nombreux chantiers de particuliers un peu partout…, les maisons poussent, s’agrandissent, gagnent en hauteur. Nous visitons le chantier d’Ashok (en cours de construction à Jaipur) et posons des questions diverses à nos amis indiens (à Jaipur et Jodhpur).
A Jaipur, nous sommes dans un quartier dont les premières constructions ont eu lie dans les années soixante-dix. Ces premières constructions étaient des petites maisons que les nouveaux habitants ont conçues et construites sur des terrains qu’ils ont acquis. A cette époque, la « colony » est encore en pleine campagne, dans la jungle. Les maisons sont construites en pierre, les planchers le sont également, assemblés avec de longues tranches de granit. Année après années, le quartier se développe. Les propriétaires agrandissent leurs maisons, généralement en gardant la partie ancienne et en construisant autour de celle-ci une armature de béton armé, qui permet de gagner en hauteur. Ainsi, le quartier aujourd’hui est composé de nombreuses maisons de plusieurs étages. L’armature de béton permet de construire ensuite des cloisons, fabriquées à ce jour essentiellement avec des briques.
D’une manière générale, comment se passe ce genre de chantier ?
D’abord, nous sommes plutôt dans des situations d’auto-conception plutôt que d’autoconstruction. En effet, le propriétaire, souvent conçoit lui-même les plans et ne fait pas vraiment appel à un architecte. (C’est pour cela que dans ces bâtisses, nous pouvons très souvent constater nombres d’erreur de conceptions assez flagrantes et qui donnent finalement un certain « cachet » : des hauteurs de passage où l’on peut se cogner, des problèmes de dimensions d’escaliers, des choses tout à fait bizarres qui permettent également de créer des fantaisies qui n’étaient pas prévues au début). Le propriétaire fait alors appel à des journaliers, parfois un chef-constructeur un peu plus expérimenté. Les ouvriers sont très peu qualifiés, ils ont appris sur le tas de sable. Le propriétaire reste alors très présent tout le long du chantier et met son grain de sel et a fortement son mot à dire : il fait les commandes de matériaux et se fait livrer, il coordonne, donne des ordres. Ici, pas de grand magasin de bricolage pour autoconstructeur, mais toute une myriade de boutiques et vendeurs (wallahs) spécialisés : sable-wallah – electric-wallah – brique-wallah – échafaudage-wallah …
Illégalité et remplissage.
En général, les propriétaires construisent sans demander de permission. La grande partie de ces constructions sont donc illégales, mais les propriétaires sont bien propriétaires de leur terrain ou bien le sont devenus « de fait ». Ils construisent souvent au maximum des possibilités qui leur sont offerte, du coup, les constructions sont très serrées les unes des autres, et il n’est pas rare parfois de se retrouver dans des situations où entre les maisons, des petites ruelles qui ne permettent que le passage d’une ou 2 personnes. Également, on trouve une très grande quantité de cas où les pièces sont aveugles ou avec des fenêtres qui donnent sur le mur du voisin construit à quelques centimètres.
Galettes et oignons.
Au début du chantier, une cérémonie est organisée par le propriétaire : on mange des sucreries et on invoque les bonnes divinités pour que tout se passe bien. Puis, les semaines et mois qui suivent, les ouvriers journaliers mangeront essentiellement des chapatis et paranthas (des galettes de blé) avec des oignons. Voilà donc le repas de chantier ici : des galettes et des oignons ! Pas de méchoui !
Vive le béton !
Ce qui frappe toujours, c’est l’utilisation du béton. Pourquoi tant de béton et ciment partout ? Alors on pose la question et l’on rentre alors dans la psychologie et la culture. La raison qui nous est donnée, c’est la nécessité de construire « solide » pour pouvoir « transmettre ». Ce souci de transmettre est très puissant en Inde. Les indiens sont des investisseurs, ils veulent du solide, ils veulent que cela dure et que cela rapporte. On constate cela également pour n’importe quelle acquisition : voiture, or, meuble. Un autre aspect également : construire traditionnel, c’est être un arriéré. Soit le contraire de chez nous en Europe ! Bon courage à ceux qui promeuvent les constructions traditionnelles en Inde, il y a une bataille culturelle à mener d’abord !
Et la créativité dans tout cela ?
Elle se caractérisera dans la décoration, les fioritures sur les façades, les couleurs parfois très pimpantes des ravalements. Ces quartiers ne sont pas monotones visuellement, ni triste. La clé de l’autoconstruction ici, c’est la liberté de pouvoir le faire sans trop avoir de compte à rendre, ni aux voisins, ni aux autorités qui ont beaucoup d’affaires bien plus importantes à traiter que celles-ci !
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