La maison en bois

Ils habitaient en ville et vivaient heureux : une petite famille, des cafés à chaque coin de rue, des cinémas, des magasins où acheter des tas de choses, le parc du château de Versailles à portée de foulées… Et puis un été, des travaux dans leur immeuble. Bruyants, insupportables pour leur fille de deux ans et la maman enceinte. Direction le camping du quartier Porchefontaine, une tente familiale et des lits de camps dans le coffre. Le plus beau moment de leur vie d’alors, une vie dehors sous la cime des arbres… Ils songent à un nouveau chapitre de leur vie : en camping-car dans un camping à l’année ? En Tiny House… le mouvement en est alors à ses prémisses en France et cette beauté du bois dans un petit habitat, ce rêve de la cabane les porte un moment…

Changement de direction sur un même chemin

Et l'hiver vint, avec son flot d'éternuements et de fièvres infantiles, deux gamins sous la couette et une réflexion sur l'espace nécessaire pour faire vivre quatre humains sous un même toit. La Tiny House leur apparut soudain telle qu'en elle-même : toute petite. Même assortie d'une yourte-salle de jeux-chambre d'amis, ils se projettent avec les enfants malades, sans chambre à eux dans la maison principale, incertains quant au sort juridique réservé à leur campement. De liens Internet en magazines d’éco-construction, en creusant la question des maisons modestes, écologiques et modulables, ils changent de programme.

Ils font le point sur ce qui leur paraît essentiel dans ce projet d'habitat :

• Vivre le plus possible dehors, la maison comme un abri des éléments, dans l'esprit d'une cabane : vivre dans un espace intérieur limité et un vaste espace extérieur ;
• Construire ou faire construire avec des principes et matériaux écologiques ;
• Élire demeure en Ile-de-France pour rester en lien avec leurs professions actuelles ;
• Dépendre le moins longtemps possible d'un crédit immobilier (spoiler : c’est le point qu’ils n’arriveront pas à tenir…) ;
• Expérimenter des pratiques de transition énergétique à l'échelle d'une famille ;
• Ouvrir leur lieu de vie aux expériences de micro-auto-constructions et continuer de créer du lien pour ne pas s’isoler dans « sa maison, son terrain ».

Ils visitent des terrains dans le sud de l’Essonne et surtout rencontrent des gens, participent à des festivals… Ce sera la vallée de la Juine que se déroulera le prochain chapitre, c’est certain ! Ils choisissent un constructeur de maisons en bois du Loiret qui propose un modèle de maisons écologiques au prix modéré. La maison a une architecture simple et compacte, une surface de 85 mètres carrés avec des combles aménageables (pour plus tard !) Les murs sont pré-construits dans une usine vendéenne avec ossature bois et isolation en fibre de bois (+ ouate de cellulose entre montants), puis assemblés sur place. Le modèle intègre un poêle à granulés, et la famille opte pour des toilettes sèches. Ce n’est donc pas une auto-construction mais ils aménageront eux-même l’intérieur : pose du parquet, de la cuisine, carrelage de la douche, enduits naturels sur deux murs intérieurs, peintures écologiques (sauf au plafond…) 

Des projets sur la même voie

L’efficacité énergétique est au rendez-vous, avec en moyenne 250 euros de chauffage par an et 5 mètres cubes d’utilisation d’eau mensuelle… Trois ans après, aucun regret sur les toilettes sèches, dont le premier compost a déjà été utilisé au pieds d’arbres fruitiers et pour faire pousser des patates ! Ils veulent accomplir le reste de l’aménagement intérieur et celui du terrain par eux-mêmes : le chemin est long mais ils ont croisé la route d’Archi Possible et de copains bricoleurs !

A venir : 

• Ne plus se laisser dépasser par certaines plantes envahissantes sur le terrain, tout en conservant un esprit de « jardin punk » accueillant pour la biodiversité (on ne tond pas tout et tout le temps…)
• Construire un four à pain avec un groupe d’Archi Possible pour que le terrain prenne une dimension encore plus collective et festive (et organiser des « fours à pain musicaux » !)
• Aménager les combles pour que les enfants (un garçon, une fille) puissent avoir des chambres séparées.

A part la question du crédit immobilier qui fut indispensable (et à long terme) pour mener à bien ce changement de vie, Nicolas et Clara ont rempli tous les points essentiels de leur rêve, encore en construction car l’une des parties les plus importantes repose sur le fait de rejoindre et d’entretenir des communautés de liens solidaires. « Faire soi-même » est important pour eux, mais ne pas savoir faire et échanger des services est aussi au coeur de leur façon de vivre. Et pour la partie nomade, ils ont une caravane depuis cet hiver…