Visite de l’école de plein air de Suresnes
Les sortie inspirantes
Les sortie inspirantes
Le concept d’école de plein-air est né au début du XXème siècle. Il découle du mouvement hygiéniste plus ancien (1890). La première école française dite de plein air est ouverte en 1907, au château de Vernay dans l’agglomération lyonnaise mais l’architecture du bâtiment n’était pas adaptée au concept. En 1922 est organisé à Paris le premier congrès international des écoles de plein air. Le principe de ces écoles d’un nouveau genre est d’offrir aux enfants fragiles, menacés par la tuberculose (risque accru avec les privations de la première guerre mondiale et l’insalubrité des logements) un épanouissement tant physique qu’intellectuel.
L’école de Suresnes est née de la volonté d’Henri Sellier, maire de la commune de 1919 à 1941 et président de l’office des HBM, de mener un projet d’urbanisme global. Sellier fut ainsi promoteur d’un grand nombre de cités-jardins de la région parisienne. En 1928, la municipalité décida la construction d’une école de plein air sur un vaste plateau surélevé, proche du fort du Mont Valérien. Les travaux commencèrent en 1932, sous la direction des architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods, spécialistes de l’architecture sociale (cité de la Muette à Drancy). L’établissement devant favoriser le bien-être des enfants, ils accordèrent une grande attention à la nature, en préservant tous les arbres remarquables.
Le bâtiment principal de l’école a une forme d’œil, s’ouvrant au centre sur un grand jardin ponctué de petits pavillons correspondant aux salles de classe autonomes, réunies par des allées au sol et des passerelles reliant les toits en terrasse. Aucun escalier mais des pentes douces afin de ne pas créer de ruptures brusques. La façade nord du bâtiment principal, donnant sur la rue, est quasiment aveugle et très austère, recouverte de plaques préfabriquées ponctuées de galets d’Etretat. Ce bâtiment largement éclairé de grandes baies vitrées au sud accueillait les classes de maternelle (Henri Sellier avait rendu l’école maternelle obligatoire à Suresnes dans les années 30), le préau, les espaces de restauration (réfectoire et cuisine), les salles d’activités manuelles et l’infirmerie. La plupart des pavillons-classes sont carrés, avec un mur plein au nord et trois murs vitrés, ces fenêtres s’ouvrant entièrement en accordéon afin de permettre d’exposer les enfants au soleil. Les huisseries des pavillons sont dues à l’architecte Jean Prouvé. Au sol, juste à la limite des fenêtres, des grilles de chauffage créaient un rideau d’air chaud autour de la classe. L’un des pavillons, de plan hexagonal, présente un autre système pour escamoter les parois vitrées : celles-ci disparaissent dans le sol ! Le mobilier scolaire, aux lignes art déco, était conçu dans des matériaux extrêmement légers afin que les enfants puissent facilement transporter les chaises et bureaux à l’extérieur. Les murs vitrés étaient munis de store de façon à créer l’obscurité dans la salle pour méditer (leçons de silence inspirées par la pédagogue Maria Montessori). D’autres pédagogies innovantes étaient mises en pratique : ainsi, les enfants réalisaient un journal scolaire (Freinet). Tout était fait pour favoriser l’observation de la nature et l’apprentissage en plein-air : des potagers pour le jardinage, une ruche transparente… A l’extérieur, signalant l’école, un énorme globe terrestre en béton (récemment restauré par la ville de Suresnes grâce à une souscription des habitants) permettait d’apprendre autrement la géographie.
A son ouverture en 1935, l’école accueillait 211 petits Suresnois, les classes allant de la maternelle au CM2 (dont 8 classes primaires, une vingtaine d’enfants par classe). Les enfants fragiles repérés par des infirmières dans les quartiers ouvriers étaient emmenés à l’école par des enseignants qui allaient les chercher à domicile.
La journée commençait par la douche, dans un établissement de bains conçu avec de beaux matériaux. La matinée était consacrée à un objet d’étude. Après le repas, la sieste était de rigueur. Une grande attention était portée à la santé physique, avec des exercices de gymnastique en plein air, de gymnastique au sol et de yoga. Aux beaux-jours, les enfants pouvaient profiter d’une pataugeoire et s’étendre au soleil sur des chaise longues. Il y avait aussi des séances d’U.V. !
L’école a cessé de fonctionner en 1995 et est désormais en mauvais état, attendant une réhabilitation malheureusement très coûteuse et un projet pour l’utilisation de ses espaces. Elle est placée sous la tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et a été classée monument historique en 2002.
Marie-Noëlle Cavasse
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